Accepter ses émotions…facile à dire, mais pas facile à appliquer !
Submergé par une émotion soudaine, impossible de bouger.
Impossible de penser aussi.
Ou l’inverse : agir sans réfléchir !
C’est le propre des émotions. Elles nous font agir ou nous paralysent sur place. Car les émotions relèvent de la partie primitive de notre cerveau : cette partie de notre cerveau nous alerte, de façon puissante, pour nous faire bouger. Pendant des milliers d’années, elles ont servi à nous sauver la vie, au sens propre du terme.
Et si c’était encore le cas aujourd’hui ?
Même si nous ne sommes plus au temps de la préhistoire, notre système interne est encore sur le qui-vive, toujours là pour nous prévenir de situations dangereuses. Le mécanisme :
émotion forte/ action ou blocage/ réflexion a posteriori : que s’est-il passé ?
Et si on inversait la tendance : réfléchir pour mieux agir ?
Je vous donne des clés pour accepter ses émotions, faire ressortir des pistes et se mettre en action.
Cet article participe à l’événement interblogueurs que j’ai lancé sur le thème « Comment faire face à ses émotions et continuer d’avancer ». Je publierai un récapitulatif des articles de tous les blogueurs qui auront participé.
Avez-vous vu le film Vice-Versa des studios Pixar ? Lorsqu’il est sorti, j’ai accompagné mes enfants à la séance de ciné. En fait, ce dessin animé était autant destiné aux enfants qu’aux adultes, peut-être même plus aux adultes ! J’ai sûrement plus aimé ce dessin animé que mes enfants !
Dans ce film, on suit l’histoire de la petite Riley, 11 ans. Du point de vue extérieur, dans sa vie de tous les jours, et du point de vue interne : on voit cinq personnages gérer les sentiments de la jeune fille. Joie, Tristesse, Dégoût, Peur et Colère. Ces personnages se débattent pour avoir la main sur les commandes du cerveau de Riley.
Pourquoi m’a-t-il autant plu ? Je pense que c’est lorsqu’on voit les 5 personnages s’affronter et chacun y aller pour se faire entendre par la petite fille. C’est à la fois drôle et ancré dans la réalité de chacun. Cela m’a carrément fait penser aux débats intérieurs que je peux avoir face à une situation, lorsque je dois prendre une décision. Toutes ces petites voix qui amènent chacune leur point de vue.
À un moment du film, Riley essaie de supprimer la tristesse, mais elle se rend vite compte qu’elle ne peut pas la supprimer, elle fait partie d’elle, de son vécu.
Les émotions sont là, on ne peut pas les supprimer, elles sont viscérales. C’est ce qui nous rend humains. Toutes les émotions ont leur fonction, qu’elles soient positives ou négatives. C’est ce que nous apprend le film : le mélange des émotions est nécessaire pour arriver à avancer dans la vie et devenir adulte.
Accepter ses émotions est une étape nécessaire dans la vie de chacun.
Prendre conscience de ses émotions
Différencier émotions et sentiments
Imaginez ce début de matinée : vous avez garé la voiture, fait descendre les enfants et traversé prudemment la route en les tenant par la main. L’école a ouvert, vous les avez chacun vu rentrer dans la cour de l’école, vous faisant en signe de la main. Vous avez retraversé la route, êtes remontée en voiture et avez conduit jusqu’à votre travail. Et là, en descendant du trottoir, vous entendez un gros crissement de pneu et une voiture s’arrête juste sous votre nez. Vous aussi vous êtes arrêté (e).
Vous avez failli vous faire renverser.
Votre cœur semble s’être arrêté.
Vous venez de ressentir la peur, une des 6 émotions « primaires ».
Cette émotion est innée, issue de votre système limbique*, présente depuis la nuit des temps. Elle a été très rapide : c’est votre système d’alarme, qui vous a permis de vous arrêter de marcher. Cette sensation est aussi très puissante : elle vous donne mal au cœur, vous fait froid dans le dos, provoque des sueurs soudaines.
Quelles sont les émotions « de base » ? La joie, la peur, la tristesse, la colère, le dégoût, la surprise. Parfois, une petite septième, la honte est comptabilisée dans le groupe.
Continuons le début de matinée : juste après que cette voiture ait redémarré, vous prenez le temps de réfléchir : comment avez-vous pu oublier de regarder avant de traverser ? Vous étiez distrait (e), déjà en train de penser à l’enchaînement des réunions de la journée… Tellement de choses à penser… Vous vous sentez anxieux (se), angoissé (e), tendu (e).
Il s’agit là de sentiments, qui apparaissent petit à petit, vous commencez à analyser ce qu’il s’est passé, vous verbalisez. C’est maintenant le lobe frontal de votre cerveau qui a pris le dessus, celui qui analyse. Ce sont ces sentiments sur lesquels il faut maintenant travailler.
Questionner
Accepter ses émotions passe par la prise de conscience : reconnaître ses sentiments, les nommer, verbaliser, mais ce n’est pas toujours facile de mettre des mots sur ce que l’on ressent. Alors je vous partage une technique : le questionnement. Il va faciliter la prise de conscience.
QUOI ?
- Répondre aux questions : qu’est-ce que je ressens , là, maintenant ?
- Mettre des mots, et surtout les mettre à l’écrit, sur son ressenti, même si ce ne sont pas les bons. Les mots sortent de votre tête, c’est l’important. Avec l’habitude, vous pourrez vous passer de l’écrit.
- Les écrire permet de les nommer; cette phase doit se faire sans censure : ne pas avoir peur de mettre les mots sur votre ressenti, même si ces mots ne nous plaisent pas.
- Car mettre le bon mot peut provoquer un « déclic », je vous propose une liste, non exhaustive de sentiments en lien avec les émotions, qui vous aideront à formuler votre ressenti :
Comprendre ses émotions pour les accepter
Vous devez déjà ressentir le 1er effet : une fois les émotions et sentiments écrits, vous avez libéré de la place dans votre cerveau !
Le fait de les avoir écrites a déjà évacué une partie de leur impact.
Maintenant, il s’agit de les accueillir, de les comprendre, de répondre à la question « POURQUOI ». Pourquoi est-ce que je ressens cela ? Qu’est-ce qui m’a amené ce sentiment ? Quand l’ai-je déjà ressenti ?
La question est désormais de ne plus subir ce sentiment (surtout lorsqu’il est désagréable) mais de comprendre pourquoi vous le ressentez, à quoi il est dû . Notre cerveau entre en mode « analyse ».
Les émotions négatives sont aussi là pour nous apprendre quelque chose, nous remettre en question. Elles sont un « passage obligé », une transition riche d’enseignements. Même les personnes de nature optimiste ne voient pas toujours la vie en rose.
Et en bonne optimiste que je suis, je vous propose de voir le bon côté de ces émotions négatives : elles nous malmènent aujourd’hui, nous mettent face à des situations difficiles, mais elles sont là pour nous enseigner. Elles ne dureront pas toute la vie.
Toutefois, lorsque certains sentiments, comme l’angoisse, deviennent trop envahissants, positiver sur d’autres aspects de sa vie est nécessaire pour conserver un équilibre.
On peut admettre qu’on se sent blessé par une remarque. A-t-on mal interprété cette remarque ou y a-t-il du vrai ? Toute cette analyse sert à se remettre en question et à enclencher l’étape suivante : le passage à l’action.
Passer à l’action : la clé pour se sentir mieux
Parfois, il suffit d’un petit rien, un sentiment insidieux, qui trace son chemin et qui se déploie en nous jusqu’à atteindre une intensité qui nous paralyse.
Je vous raconte ce matin récent où je me suis réveillée pas « en forme » (si, si, ça m’arrive !). Je ne sais pas trop pourquoi. J’essaie de mettre des mots sur ce sentiment, cette sensation.
- Qu’est-ce que je ressens exactement ?
De la lassitude ? Non, ce n’est pas ça, je découvre de nouvelles choses chaque jour.
De la morosité ? Je ne crois pas, tous les jours sont différents, je ne m’ennuie pas.
De la mélancolie ? Non, je ne suis pas dans les regrets, à penser au passé.
Le futur ? Oui, il y a quelque chose en rapport avec le futur.
Du découragement, c’est ça ! Pourquoi ? Car hier, je n’ai pas réussi à mettre en place les actions que me demande ma formation sur le blogging. Je me heurte à un problème technique. J’y ai passé toute la journée d’hier, et je me dis que cette nouvelle journée ne va peut-être pas mieux avancer. Je me trouve lente, je n’avance pas, je suis une tortue…
STOP !
J’ai fait la liste de mes sentiments, sensations, humeurs, et des raisons qui me poussent à les ressentir. Je rentre maintenant dans des croyances : comme si j’étais une tortue !
Il est temps de passer à l’action, je n’ai pas envie de me morfondre dans cet état !
COMMENT faire pour changer mon état d’esprit ?
Mes astuces pour passer à l’action
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Prendre du recul, et parfois même le contrepied.
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Lorsque vous avez la tête dans le guidon, vous ne voyez pas le progrès, ou parfois les progrès sont longs à voir.
Pour les coureurs, je prends l’exemple du running : vous ne pouvez pas toujours courir à votre vitesse maximale, il est parfois bon de faire des séances « lentes », d’endurance dite « fondamentale« . Ces séances servent à régénérer l’organisme et à améliorer votre condition physique, endurance et cardio. Et c’est ce dont votre corps a besoin. Donc, ne vous désolez pas des jours où vous n’arrivez pas à courir à une bonne allure, acceptez-le. Cette séance est nécessaire et votre corps vous le rappelle.
Ralentir pour progresser.
Pour tous ces jours où vous avez l’impression de ne pas avancer, ces jours où ce qui vous semblait facile ne l’est plus… Rappelez-vous de l’endurance fondamentale et continuez vos habitudes : la seule tenue de bonnes habitudes est une grosse avancée !
Ma solution pour prendre du recul : faire un bilan de tout ce que vous avez déjà mis en place et réalisé. Faites la liste, même les plus petites actions, et laissez de la place pour en rajouter,
🏆 Le top : tenir un journal. L’écriture aide à accepter ses émotions et à les dépasser.
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Vous confier
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On a parfois besoin d’une aide extérieure : certains vont voir des psys, d’autres se confient à un proche ou partagent à un groupe, ou un réseau social. Il n’y a pas de bon ou mauvais sentiment ni comportement. Le recours à une aide extérieure aide à voir ce qui est devant nous mais que nous n’arrivons pas à voir car nous sommes trop près. Le fait d’expliquer sa situation et de trouver les mots aide déjà à une première prise de conscience et première réflexion.
L’ami proche va vous mettre en perspective le chemin déjà réalisé, va renforcer votre estime et confiance en vous. Partager dans un groupe va permettre de prendre conscience que votre situation n’est pas unique, d’obtenir quelques conseils (à trier et choisir) et de rebondir.
À un moment de ma carrière, j’allais régulièrement aux « ateliers du manager », organisés par notre centre national de formation. Nous nous retrouvions 1 journée toutes les 6-7 semaines entre responsables, managers de tous niveaux. Nous étions là pour échanger et partager nos problématiques d’encadrant (et souvent encadrés). C’était un atelier d’échange de pratiques, avec quelques apports théoriques, et le principe du groupe était l’échange : chacun amenait feed-back, conseils ou simplement point de vue différent, sous forme de mise en situation, jeux de rôle. Quelle richesse dans ces moments !
Partagez et vous vous sentirez entouré, apprécié, moins seul dans votre problématique. Parler et partager est déjà une action en soi.
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Se rappeler ses objectifs
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Pourquoi faites-vous les choses ? Quel est votre but, votre objectif ? S’il vous semble trop loin, trop difficile à atteindre, la méthode est de le découper en petits morceaux, en sous-objectifs, et d’y aller pas à pas.
Se remémorer le pourquoi de ses actions permet aussi de se recentrer, de se réaligner.
Je m’explique en vous livrant mon dialogue intérieur (une partie, sinon on est encore là demain !) :
Il m’est arrivé il y a quelques semaines d’avoir du mal à me mettre à l’écriture. Je ne comprends pas car habituellement j’aime ça. Et puis, c’est ce que je souhaite faire : partager mes conseils, expériences et découvertes sur mon blog. Sauf que ce jour-là, je tourne en rond, j’ai déjà écrit plusieurs lignes, mais je trouve maintes excuses pour ne pas continuer. En fait, cela fait même 2 jours que cette situation dure… Quelque chose cloche. Je finis par abandonner cet article, inutile d’insister, je perds mon temps. Comme je souhaitais organiser un carnaval d’articles (cet événement interblogueurs auquel cet article répond), je décide de me lancer dans l’écriture de l’article de lancement. Et là, l’écriture est fluide, en une heure l’article est rédigé et prêt à la publication ! Je suis passée de perplexe et décontenancée à satisfaite et revigorée !
Je ne me suis remise sur l’article « bloquant » que deux semaines plus tard, lorsque j’ai enfin trouvé la bonne approche. Dans ce cas, arrêter de me forcer a été la bonne action. Ce n’était pas le moment, j’avais autre chose à faire au préalable. Accepter ses émotions et la situation, prendre le temps de réfléchir à la situation, adopter une décision (arrêter de me contraindre) et me mettre en action (passer à un autre article) : je me suis réalignée avec mes envies, et mes objectifs.
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Juste commencer
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Enfin, pour les jours « sans », sans motivation, sans envie, sans appétit, sans volonté : commencez. Commencez l’action que vous aviez planifiée, juste 5 minutes.
Par exemple le sport : pas envie de faire la séance pompes, abdos, /bras /fessiers ? Ce n’est pas grave… Commencez ! Juste 1 pompe, pour vous dire « je l’ai fait quand même ».
Vous vous étiez promis de commencer à archiver tous les dossiers de l’année dernière et au moment de vous y mettre, vous n’en avez aucune envie… Commencez ! Dites-vous : OK, juste les 10 premières feuilles.
Vous aviez envisagé ce week-end de commencer le grand ménage mais au réveil vous avez soudain plein d’idées pour vous occuper à autre chose… Commencez ! Juste une pièce, la plus petite…
Cela aura l’avantage de remonter votre estime de soi et de continuer la journée avec un point positif. Et qui sait, vous pourriez vous laisser emporter par votre enthousiasme et finalement en faire beaucoup plus que prévu 😄
Accepter ses émotions : une preuve de maturité
Quand on parle d’accepter ses émotions, on parle souvent des émotions négatives. Et le négatif ennuie, il gêne…
Au final, accepter ses émotions [négatives], c’est accepter d’avoir peur, de se sentir irrité, de détester, de se sentir fragile, de ne pas être motivé, d’être mal à l’aise, incommodé, bouleversé… La seule personne à qui vous devez les avouer c’est à vous, pour vous sentir mieux et évoluer !
Pensez aux 3 clés :
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- Prise de conscience : QUOI ?
- Comprendre : POURQUOI ?
- Agir : COMMENT ?
Et vous, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
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Le jardin des émotions est un jardin qui doit être entretenu et désherbé régulièrement.
– Daniel Desbiens (Maximes d’Aujourd’hui)-
Merci pour ce point de vue intéressant. Qui « passe » d’autant mieux que tu enrichis ton article d’histoires et de références personnelles, qui rendent la lecture très agréable.
Bravo Caro,
Toujours très instructif tes articles et à chaque fois que tu écris ce que je vis !!
Alors continue à nous donner des clefs de bien-être.
Bises
Merci Angélique, heureuse de voir que mes clés ouvrent des portes 😊
Bravo pour cet article enrichissant et très bien écrit. Bonne continuation. Daniel Desbiens, auteur
merci Daniel 😊
Super article, je suis fan de Vice Versa, je ne me lasse pas de regarder ce dessin animé avec mon fils. C’est une belle présentation de tout ce qui se passe dans notre tête, c’est très bien fait. Cela a beaucoup aidé mon fils à accueillir, à comprendre et gérer ses émotions dans les périodes difficiles.
Fan aussi ! En écrivant cet article, j’ai demandé à ma fille si elle se rappelait de ce film et elle m’a dit qu’elle l’avait revu il y a peu de temps : je me suis retrouvée toute déçue de ne pas avoir participé à la séance 😂
Encore un article très bien rédigé, et mis en perspective par ton expérience personnelle. Merci. Je suis étonnée que tu n’ai pas parlé de méditation 😉 . S’arrêter, respirer et méditer est idéal pour se calmer, et se mettre en condition pour s’interroger sur son état.
C’est vrai, pas de méditation ! Pour moi, la méditation est intégrée dans mon quotidien et amène un apaisement général. Et lors de la méditation, je cherche surtout à ne pas m’attarder sur mes pensées. Le travail sur ses émotions et ressenti est justement d’aller « creuser » un peu plus, grattouiller là où ça fait mal 😉
Super article, c’est un sujet tellement intéressant. Moi et mes émotions c’est un conflit permanent. Merci pour cet écrit riche en information 😊
je comprends ce que tu veux dire : le conflit avec ses émotions : parfois on aimerait ne pas ressentir une émotion, mais elle est là ! On ne peut la nier… il vaut mieux essayer de comprendre pourquoi car on dépense beaucoup d’énergie dans le conflit !